jeudi 12 septembre 2013

La fureur des Abénakises

Dans nos anciens manuels d'histoire du Canada, les méchants étaient toujours les Iroquois, ces «cruels et perfides» alliés des Anglais. On aimait les détester pour les raids qu'ils effectuaient dans la vallée du Saint-Laurent au cours desquels de nombreux colons ont été tués, mais c'était la guerre et il y a eu des morts des deux côtés.

Pour les Anglais de la Nouvelle-Angleterre, les méchants étaient plutôt les Hurons et les peuples de la famille algonquienne alliés aux Français. Les Anglais détestaient particulièrement, semble-t-il, les Abénakis dont le territoire chevauchait la frontière entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre. L'Abénakis était l'Iroquois de l'Anglais - on est toujours l'Iroquois de quelqu'un chantait Sylvain Lelièvre.

Dans Apostolat missionnaire en Mauricie, publié aux Éditions du Bien public en 1952, l'auteur Yvon Therriault raconte l'attaque de la mission abénakise de Saint-François-du-Lac par un détachement américain lors de la guerre de conquête.


Le 13 septembre 1759, le général anglais Amherst donnait ses instructions au major Rogers qui commandait ce détachement de 200 Américains. Il lui ordonnait de tuer tous les guerriers abénakis, mais d'épargner les femmes et les enfants. Yvon Therriault présente une traduction de cette lettre de Amherst à Rogers (page 155) :


Suivant les instructions, le détachement du major Rogers a brûlé le village et tué une trentaine d'hommes. La plupart des guerriers abénakis étaient alors absents, engagés dans les rangs de  l'armée française.

Selon Therriault, qui cite un document des archives coloniales de l'État de New York, les hommes de Rogers ont ensuite été rattrapés par les Abénakis et les soldats français lancés à leurs trousses : « Une quarantaine furent mis à mort, dont une dizaine au camp même de Saint-François-du-Lac. On affirme que la fureur des femmes abénakises ne connut aucune pitié pour les dix prisonniers qu'on leur livra. »

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